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Journal des coiffeurs - décembre 1856

Autour d'Alexandrine, il y a beaucoup d'histoires de mariage, à venir, qui font jaser, que l'on cherche à anéantir ou en cours et elle s'amuse bien en racontant toutes ces histoires à Clémentine.

Tout d'abord l'histoire du mariage d'Honorée Jeanne Frandon 27 ans née en 1830 qui veut épouser Henri Arnal de Serres 45 ans né le 6 juin 1812 à Le Vignan dans le Gard. Ils finiront par se marier le 17 février 1858à Valence et auront 5 enfants.

 Ensuite M. Chaptal qui veut épouser sa tante, ce qui entraine une déchirure dans la famille après un procès du fils au père.

 (8 juillet [1856]) :

" Honorée arrive d'un voyage de la Fontaine de Vaucluse ; pendant son absence on avait fait courir le bruit qu'elle entrait au couvent. Mais jamais je ne pourrai croire que cette petite va se mettre à l'envers. Or ce sujet vous devriez bien avoir un peu honte d'avoir raconté une chose pareille à votre société, on voit bien que vous ne faites pas quatre-temps là, ma bonne. J'ai vu hier Mlle Honorée et je lui ai fait part de ce qui avait été dit alors avec cet accent que vous connaissez elle m'a répondu : « Vous a-t-on au moins dit que c'est une passion malheureuse qui me mène là, que va donc dire Mlle Clémentine ?"

 (Valence 9 février [1857]) : "La petite Honorée se marie enfin. Son père, sa mère et ses amis ont fait tout au monde pour l'empêcher. Il a fallu céder, elle était résolue de se laisser mourir de faim, puis elle était entrée dans de telles fureurs que le médecin a craint pour sa raison. Je suis allée les voir aujourd'hui, elles m'en ont parlé pour la première fois, m'ont demandé si vous saviez que le mariage était décidé. J'ai dit que vous m'aviez chargé de lui dire qu'il était trop vieux, elle a très bien pris la chose, sa mère la voyant en gaieté l'a plaisantée avec moi pendant au moins une heure, sur l'âge, la bosse et la jambe tordue du futur. Elle riait toujours un peu jaune pourtant. Je crois que ... on lui dit avait ça souvent depuis deux ans qu'elle s'occupe de ce magot, elle en aurait perdu la fantaisie, elle m'a demandé ce que disait Roger, je le lui ai raconté qu'apprenant le mariage il m'avait demandé à connaître l'homme et la mère Frandon m'a vite répondu qu'à Championnet (Promenade à Valence) tout par un beau jour quand j'apercevrais son futur gendre, je prenne Roger par la main en lui disant « Ecce Home » (Voici l'Homme) mais la petite dit à tous : je me marie avec lui tout m'est égal...... Je crois vous avoir dit que le frère de Monsieur de Chaptal veut absolument se marier avec sa tante qui a 46 ans et 4 enfants. Il paraît qu'on commence à espérer qu'on pourra le détourner de ce projet. Mais la petite Honorée tient bon elle, tant pis pour elle, la petite obstinée, qu'elle roule sa bosse."

(après 17 février 1857) :"Nous avons marié Honorée mardi dernier. Elle était si heureuse que ça faisait plaisir à voir. Son vieux roule ta bosse était si bien cotonné qu'on ne voyait presque rien, nous étions 48 à la noce il y avait 9 calèches remplies de dames car les messieurs sont allés à pied à la mairie et à l'église, puis nous avons dîné et après le festin, les époux sont partis pour un voyage dans le midi. La mariée riait en nous disant adieu, elle avait l'air si heureux, que ça ne faisait pas envie du tout, j'aurai été désespérée de partir avec ce vieux magot. J'étais près d'Honorée à table, je n'étais séparée d'elle que par un ami de Mr de Serres, et pendant le dîner elle m'a dit : «Écrivez ma noce à Clémentine, marraine et dites lui que même aujourd'hui je pense bien à elle.... J'ai enfin vu un cousin de Mélodie Mr Casimir Prinsac, il a une petite femme noire et laide, voilà quatre mois qu'ils sont mariés, ils se font encore les yeux doux. C'était drôle, cette petite dame n'était pas connue et par conséquent à peu près docile." 

 "Vous me donnerez des détails sur les toilettes de votre bal et vous me direz si vous avez dansé avec votre cousin Petit banc et si Mme Cherron se remarie avec ce Mr que Mlle Mélodie appelle un bon reste. …..J'ai reçu cette semaine une lettre de Mme Addonet, il paraît qu'à la suite de son mariage manqué avec Pharès, Louise Picant allait se marier avec un de ses cousins qui était très riche et dans une très belle position, cela devait se faire très prochainement, le pauvre jeune homme vient de mourir presque subitement, Louise en a eu un très grand chagrin, comme c'est triste."(Valence 7 janvier [1858]

"Mr de Chaptal dîne dimanche à la maison, bien certainement, au dessert il va faire des vers en votre honneur. Dès qu'il me voit il ne manque jamais de me demander des nouvelles. Vous savez que son frère a plaidé contre son père jusqu'en cassation, pour obtenir un consentement à son mariage avec une de ses vieilles tantes qui a 50 ans. Depuis le procès gagné il en reste là, mais on a toujours peur d'un jour à l'autre de voir cet affreux mariage." (Valence 3 mars [1859])

"Vous ne manquerez pas de me raconter le mariage manqué de Mr Paris, il nous a écrit une lettre bien triste au sujet de la mort de sa mère, il paraît bien affligé. Je pense qu'il va se remettre en campagne afin de découvrir une jeune fille qui se décidera sans y être forcée par papa et maman". (Saint Jean de Bournay 6 septembre [1859])