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A la découverte de mes ancêtres
16 octobre 2023

Emélie, Ferning LEGRAND

I-

Je vous propose maintenant de naviguer dans notre arbre à partir des albums de photos de famille. Les plus vieux que j'ai en ma possession sont des environs de 1855-60. J'ai pioché un peu au hasard et suis tombée sur la photo de " peut-être" Émélie, Ferning Legrand.

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Pour l'identification, grand-père a noté au crayon de mine,  "la mère de Victor Guillaume", mais il semblerait que ce soit plutôt la belle-mère de Victor Guillaume Bousquet. Sa mère a lui est décédée en 1854, trop tôt pour cette photo. Voici pourquoi :

Cette femme qui pose chez le photographe est allée Chez Bourlier, photographe de la Maison Lejeune, 106 rue de Rivoli à Paris. Celui-ci a succédé à Serguei Levitsky. Il a débuté son activité en 1864 rue de Choiseul mais il a une succursale 106, rue de Rivoli. Cette photographie doit dater des tous débuts car j'ai également une photo de sa fille Nathalie ( femme de Victor Guillaume) déjà âgée prise chez le prédécesseur S. Levitsky (donc avant 1864). L'année 1864 est celle du décès (21 septembre 1864) d' Émélie. Pour situer le contexte, Nadar ouvrira son studio également cette année là. 

Le format de la photo est dite carte de visite (55 x 85 mm) tirée sur papier ultra mince collée sur un carton de 65 x 105 mm. Le carton est très fin, ce qui permet de dater la photo entre 1854 et 1870. Cela concorde et il est bien possible que ce soit elle.

Elle pose dans une robe peut-être couleur puce ou rouge sombre, elle a un bonnet porté uniquement par les personnes âgées, ce qui n'est vraiment pas flatteur. La robe peut avoir été achetée toute faite, le Bon Marché a ouvert en 1852. C'est la mode du châle et le sien est très grand et plein de dentelles. Elle n'a pas de crinoline à cage, peut-être juste la crinoline raide en crin. Le devant de la robe qui semble être en taffetas est décorée d'un galon festonné sur lequel des boutons sont fixés à intervalles réguliers, le tout est ceinturé serré sur la taille. Elle repose son bras sur la table car à cette période il faut tenir la pose très longtemps. Ses pieds sont placés sur une petite estrade.

Elle a un petit air triste et fatigué, elle a envie que ça se termine, il est possible que cette photo soit une idée de sa fille chez qui elle vit à ce moment-là. 

Nous allons donc essayer de retracer sa vie....à suivre. : 

 

II- ENFANCE D'ÉMÉLIE

La naissance d'Émélie Ferning se situe fin 1792 début 1793 à Paris durant une année fort mouvementée. Son acte de naissance n'existe plus, mais nous avons son âge lors de son décès.

Elle est née dans une famille bourgeoise, son père Pierre Jean Legrand, est maître boulanger, fils d'un maître boulanger et sa mère Marie Anne Legros, est fille d'un bourgeois de Chaillot. Ils se sont mariés le 14 novembre 1785 à Chaillot, un contrat de mariage a été établi.

Nous sommes en pleine révolution et la vie de boulanger n'est pas des plus facile en cette période mais ils s'enrichissent. Suite à la dévaluation de la monnaie, les salaires stagnent et le prix du pain atteint des sommets : près de 5 sous la livre de pain bis et 10 sous la livre de pain blanc. En mai on instaure un prix maximum sur les denrées et les salaires, mais la fraude et les marchés clandestins se mettent en marche. En août sont mis en place des "greniers d'abondance" placés sous la surveillance des directoires ;  cette mesure n'empêche pas en septembre la disette quasi générale dans les villes.( Contexte de Thierry Sabot, Ed. Thisa).

La famille habite au 44 rue Saint-Martin à Paris. Lorsqu'elle voit le jour, son père a 35 ans et sa mère 27 ans. Elle a un frère ainé Baptiste Victor, qui lui a été baptisé à Saint Merry (4e arrond.), tout à côté de chez eux, le 20 janvier 1791. Il en est probablement de même pour elle. 

Le choix de son prénom est intéressant. Émélie : assez classique à cette époque et sera vraiment à la mode au XIXe siècle. Quant à Ferning : Après pas mal de recherches  sur l'origine de ce prénom, je pense avoir trouvé l'explication.

En 1792, deux sœurs devinrent célèbres durant la révolution. Deux très jeunes femmes dont le nom de famille était Fernig, de 17 et 22 ans, se sauvèrent de chez elles (près de Valenciennes) habillées en hommes pour aller combattre comme aides de camp du général Dumouriez dans l’armée du Nord. Mais elles passent nous dit-on dans l'oubli dès mars 1793. Émélie serait-elle née avant le mois de mars et ses parents auraient-ils été en admiration devant ces demoiselles ? Probablement ! L'orthographe avec un "n" supplémentaire, s'explique par une méconnaissance de la manière de l'écrire. Il est courant qu'un nom de famille devienne prénom comme ici dans le cas d'héroïnes. En faisant des recherches sur généanet, j'ai trouvé une fille née en janvier 1793 dont un des prénoms était Fernig.

Son père meurt lorsqu'elle ne parle pas encore, elle a 2 ans et sa mère environ 28 ans. Veuve avec une boulangerie à faire tourner et deux jeunes enfants, celle-ci se remarie deux ans plus tard, avec un homme beaucoup plus âgé, il a 50 ans et se nomme Pierre Rabouin.

Le mariage est célébré après un passage chez Maître Trubert, notaire pour établir un contrat, le 11 pluviôse an V, soit le 30 janvier 1797.

Émélie va donc être élevée par un homme qui n'est plus tout jeune, mais qui offre probablement à sa mère une plus grande tranquillité d'esprit, il est propriétaire et n'est pas commerçant. Ils vont aller vivre chez Pierre Rabouin rue d'Enfer au n° 25. Sa mère passe ainsi de la rive droite à la rive gauche de Paris.

IGN

Carte IGN 

Carte-adresse_restaurant_Julien

Plus tard, avant les travaux d'Hausmann le quartier deviendra celui des restaurants et lieux festifs comme ici le restaurant Julien et le pâtissier À la Vieille Grille du Luxembourg (années 1840), leur maison sera voisine. Gallica.fr

La rue d'Enfer a disparu en 1859 lors du percement du Boulevard Saint-Michel. A peu près parallèle à la rue Saint-Jacques, elle longeait en partie le jardin du Luxembourg. Voir ICI

Un petit frère arrive vite pour compléter la fratrie : René, Joseph, Auguste Rabouin, qui nait le 22 novembre 1797, baptisé à Saint-Jacques du Haut Pas. 

Émélie doit avoir reçu une éducation classique et eu une enfance aisée si ce n'est heureuse. Son frère ainé Baptiste, Victor, appelé Alexis recevra ce qu'on appelle une bonne éducation car il fera polytechnique, sera Ingénieur des Ponts et Chaussées puis Sous-Secrétaire d'Etat aux travaux Publics. Il épousera Marie Françoise Anastasie de Roux, dite Fanny. 

 

III- MARIAGE

Émélie est maintenant en âge de se marier, elle a 21 ans.

Sont-ce ses parents qui lui ont fait rencontrer son futur époux ? En tout cas sa mère a gardé des relations avec leur ancien quartier, car Louis Delaplanche est marchand de toiles en gros, rue de Thibautodé devenue rue des Bourdonnais après les travaux d'Haussmann. Dès le XVIIe siècle cette rue est celle des commerçants en toiles et étoffes en tout genre.

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Charles_Marville,_Rue_des_Bourdonnais_-_Getty_Museum vers 1865

Photos de la rue des Bourdonnais  par Charles Marville vers 1865 - Getty Museum 

Son beau-père Pierre Rabouin, est décédé l'année précédente, le 13 mai 1813.

Le 1er août est un grand jour, la famille est allée chez  Laudigeois, notaire afin d'établir un contrat de mariage. (Je n'ai hélàs pû encore le consulter, mais il existe).

Le mariage religieux lui, est célébré le 8 août 1814 à la paroisse Saint-Jacques du-Haut-Pas, église située derrière chez elle après qu'ils soient passés par la mairie du 12e arrondissement.

Un seul ban a été publié à l'église St Jacques-du-Haut-Pas et à Saint-Germain l'Auxerrois. Ils ont été dispensés des deux autres. Ils reçoivent la bénédiction nuptiale en présence de :

Jean Duchesne propriétaire rue d'Assas n° 9  (un grand oncle côté maternel de l'épouse), de Pierre François Joseph Delaplanche, marchand mercier rue du petit carreau n° 1 (un oncle de Louis), Pierre Primaut, marchand épicier, rue de Chaillot n° 46 ( Oncle de l'épouse, marié à la sœur de sa mère), Baptiste Alexis Victor Legrand, ingénieur des Ponts-et-chaussées, rue d'Enfer n°25 (frère ainé de l'épouse). 

Signatures du mariage de Louis Delaplanche et Emélie Frning Legrand le 8 aout 1814 

Archives de l'archevêché de Paris - Mariage Legrand-Delaplanche Signatures des mariés et des témoins.

Ensuite viennent les signatures :  d'Émélie et de Louis, en dessous celle de la mère d'Émélie (Marie Anne Legrand veuve Rabouin). 

3e ligne celle des oncles : Pierre François Joseph Delaplanche, Celle de J. Duchesne, de Pierre Primaut .

4e ligne Une signature de Delaplanche Dominique (frère de l'époux) et G (?) Lemaitre (un cousin de l'épouse ?) B.A.V Legrand son frère ainé.

Le reste de la famille :

5e ligne De Laplanche Eugène ( frère de l'époux et futur père du sculpteur Eugène Delaplanche soit dit en passant !).

6e ligne V. Delaplanche  (Sa sœur Victoire), A. Delaplanche (une autre sœur Aurore ou Angélique ou Arsène le frère).

7e ligne A. Rabouin ( son jeune demi-frère qui a 15 ans, signe A. comme Auguste, son 3e prénom qui doit être le prénom usuel) et les deux dernières signatures sont illisibles.

 

IV- VIE D'ADULTE

 

Le couple n'aura que 3 enfants. Ils vivront tous jusqu'à l'âge adulte. Le premier enfant ne verra le jour qu'au bout de 5 ans de mariage, le 19 juin 1819. C'est un garçon Emile, Louis, Victor né au 11 rue des Bourdonnais. Il est baptisé le 21 juin.

medium

Il faudra attendre encore 4 ans pour qu'une petite fille arrive : Marie, Alphonsine, Nathalie mon sosa 35, née le 27 février 1823, sa mère a alors 30 ans. 

medium (1)

9 mois plus tard c'est un autre garçon Auguste, Jules qui voit le jour le 15 novembre 1824.

medium (2)

Leur vie est celle de négociants aisés car Louis Delaplanche a droit de vote. Il existe une liste électorale du 7e arrondissement où il figure. Depuis 1817, il faut avoir 30 ans et payer au moins 300 francs d’impôt pour accéder à la qualité d’électeur. Le vote, censitaire, est ainsi réservé aux classes les plus aisées. On y trouve, le nom, le métier, l'adresse, la date de naissance et les impôts. Ainsi nous apprenons qu'il paie 357.16 frcs d'impôts, 6.98 frcs d'impôts personnels et mobilier, 15,96 frcs d'impôts portes et fenêtres et 334,22 frcs de patente pour son commerce.

Ce commerce est référencé dans plusieurs annuaires, sous l'intitulé de commerce de Toiles blanches, ou Toiles gros, Toiles d'Irlande...

Le 28 octobre 1831 c'est le décès de son époux à 44 ans, qui va changer la vie d'Emélie. Les enfants sont encore jeunes, l'ainé à 13 ans et le dernier 7 ans. Emélie décide de reprendre le commerce de son mari. Peut-être l'aidait-elle déjà au magasin, en tout cas, elle décide de poursuivre. Dans l'Almanach du Commerce de 1833 : "Vve Louis Delaplanche, marchand de toiles et mouchoirs en gros, généralement pour l'exportation, 11 rue des Bourdonnais (p. 294)". Puis Almanach de 1846 Firmin Didot : p.697 bis noté 9, rue des Jeûneurs. e trouve également mention de 29 rue des Jeuneurs (erreur ou déménagement). 

Elle décède en 1864 chez sa fille à Essonnes (devenu Corbeil-Essonnes) dans l'Essonnes (91). Il  semblerait qu'elle ai fini sa vie dans le dénuement après la faillite de son commerce.

J'ai eu la chance d'avoir les portraits sur ivoire des trois enfants grâce à Patrick Seurat, qui descend des mêmes ancêtres. Je le remercie ici pour toutes les recherches qu'il m'a fait partager.

Listes électorales : Paris (Paris, France) 1831 et Décès : A.D.75 Cote : VD6/275  vue 8/44

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