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A la découverte de mes ancêtres
14 novembre 2019

L comme lettres

L comme Lettres

 Depuis le début de ce challenge je retranscris des extraits des lettres qu'Alexandrine Garnaud envoyait à son amie Clémentine Hocquigny. C'est un sacré travail pour faire ce challenge, car les lettres non encore retranscrites, je les ai glissées dans une pochette cristal avec un résumé  où les sujets abordés sont visibles. Il faudra que je m'organise un peu mieux à l'avenir !

Ces lettres sont une vraie mine d'information sur la vie quotidienne d'une famille de notables des années du milieu XIXe siècle. J'en possède 93 écrites entre 1853 et 1865 conservées par ma famille, car Clémentine était la tante de mon grand-père.

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Charles West Cope, 1872. (Walker Art Gallery, Liverpool)

Alexandrine a reçu une éducation chez les religieuses de Sainte-Menehould dans la Marne où son père Jean-Nicolas Garnaud exerçait le métier de Juge ainsi qu'adjoint au maire de cette ville. Sa mère Alexandrine Morel, était elle même fille de Juge et de conseiller municipal. Elle a épousé Félix Etienne Pichat Juge au tribunal civil, fils lui même du maire de Saint Jean de Bournay, dont la famille y est implantée depuis très longtemps.

C'est une jeune fille éduquée, elle appartient à un milieu intellectuel aisé d'une petite ville de province et est élevée dans un environnement privilégié ouvert à une vie intellectuelle de son temps. Ces lettres révèlent une femme qui aime s'amuser, il ne faut pas oublier qu'elle a 20 ans lorsqu'elle se marie et 22 ans dans les premières lettres que je possède.

Le papier 

Le papier à lettres est soit bleu, soit beige. Deux papiers à lettres sont avec le chiffre A - P en embossage sur la gauche. Ils datent des années 52/53. 

"Je vous écris sur ce chiffon de papier, mais je n'ai plus que cette feuille et vous savez qu'à la campagne il n'est pas facile de s'en procurer." (Fontainebeau 25 octobre [1853])

L'écriture

L'écriture d'Alexandrine est très fine et élégante, penchée vers la droite. Son humeur est visible dans l'écriture, lettres plus ou moins bien déliées, soin apporté avec des empâtements. Elle utilise une encre brune parsemée parfois de petits éclats de mica. L'interligne est toujours d'un centimètre, probablement utilisait-elle un guide placé sous sa feuille.

Sa particularité est de ne pas mettre de majuscule aux prénoms ou noms de famille, de ne pas mettre de ponctuation du tout, ce qui ne facilite pas toujours la lecture ou la compréhension. Elle signe A. pichat et ne donne jamais le prénom de son mari, toujours Mr Pichat. Elle fait très peu de fautes d'orthographe, c'est plutôt des fautes d’inattention. Les tournures peuvent paraître parfois un peu étranges, mais c'est l'époque qui veut cela.

La feuille est pliée en deux. Lorsqu'elle arrive à la fin elle retourne à 90° la feuille et continue la narration. L'une d'entre elle a même été retournée une fois de plus et le texte parait encore plus embrouillé, car à première vue elles semblent illisibles. Cette technique d'écriture porte le nom de crossed writting ou crossed letter en anglais, Plutôt utilisé par les anglo-saxons. Il s'agit d'utiliser moins de papier et aussi pour garder un poids de lettre n'utilisant qu'un timbre simple.

La datation

Elle commence toutes ses lettres par le lieu où elle se trouve puis par le jour et le mois. Pratiquement jamais d'année. C'est pourquoi chaque lettre après déchiffrement est examinée de très près pour recueillir des indices pour les dater. Tout d'abord le lieu. Son mari et elle sont arrivés à Valence avec leur premier enfant Roger en 1853, où il a été nommé Juge au tribunal de 1ere instance de Valence par décret du 25 juin 1853. Ensuite il est nommé à Vienne en 1861. Les lettres d'été sont souvent envoyées depuis leur lieu de maison de campagne de Saint-Jean-de-Bournay à 26 kms de Vienne et environ 90 kms de Valence.

Ensuite les enfants, elle donne toujours des nouvelles des uns et des autres, ce qui permet de fixer un avant et un après. Les événements familiaux ou amicaux comme les décès, naissances qui grâce à Généanet m'ont permis d'avoir des dates précises. Les événements militaires, de visites d'empereur ou encore la construction de la ligne de chemin de fer aident également à la datation.

J'ai pu reconstituer l'arbre généalogique d'Alexandrine, de son mari avec ses frères et sœurs, de leurs amis à Vouziers ou Valence, et surtout « boucher » des trous dans la vie de Clémentine Hocquigny qui fera sûrement un jour un sujet intéressant dans autre challenge, du fait de sa vie qui n'a rien eu de banal.

Lieu d'écriture

Elle écrit tard ou tôt le matin, quand « les enfants dorment » ou dans la pièce principale pour les surveiller. «  J'ai mon bonnet sur l'oreille et je vais me coucher, dire pourtant que je n'ai point de lampe dans le salon ! » (Valence 9 janvier [1857])

" j'arrête ici ma lettre je n'y vois plus... "

" il va être 11 h du soir "..." il est 6 h je viens de récupérer Félix ".

les enfants vont bien, mon époux dort et moi je veille "...

La poste

Le courrier était relevé vers 17 h à St-Jean-de-Bournay. Probablement deux fois par jour à Valence et Vienne. Il est acheminé très rapidement en moins de deux jours. 

En 1867, 19 000 facteurs effectuent tous les jours la valeur de douze fois le tour du globe. En 1848, le service postal est encore inaccessible aux personnes aux revenus modestes, le prix de l’acheminement du courrier étant lié à la distance à parcourir. Le prix d’une lettre de Paris à Marseille correspond à une demi-journée de travail d’un ouvrier. A cette époque, c’est le destinataire qui paye le port. L’administration décide alors d’abaisser le tarif en août 1848 et de le rendre uniforme sur tout le territoire, quelle que soit la distance à parcourir. Ainsi, dés le 1er janvier  1849, une vignette collée au départ sur l’enveloppe indique le tarif d’affranchissement : le timbre-poste est né.

Notes :

En 1856 St Jean de Bournay est une petite ville de 3382 habitants et en 1861 : 3501.

Valence 1856 : 16875 hab.et en 1861 : 18711 hab.

Vienne 1856 : 19698 hab. et en 1861 : 20 708 hab.

 

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Commentaires
R
N'est-ce pas ?
Répondre
S
C'est un trésor cette correspondance! Et une belle idée pour la challenge;
Répondre
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  • La recherche de mes ancêtres à raison de milliers d'heures de recherches m'ont donné envie de faire partager leurs petites histoires et celles rencontrées au fil des actes d'Etat-civil....
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